L'apprentissage à "l'âge adulte avancé": une économie de l'activité

L’objet de cet ouvrage concernant le lien entre formation et vieillissement est pour nous l’occasion de relire des résultats d’enquêtes assez récentes et, de façon résolument originale, de mobiliser des concepts susceptibles de bousculer quelque peu le champ de recherches que constituent la vieillesse et le vieillissement. Notre cadre conceptuel est assez spécifique dans la mesure où il associe des notions issues de champs d’investigation et de disciplines assez éloignés les uns des autres. Dans nos recherches sur la formation des adultes, deux concepts nous paraissent particulièrement heuristiques : le rapport au savoir (Charlot, 1999, Carré, 2005) et le dispositif (Foucault, Agamben). Par ailleurs, nous avons emprunté à l’économie de la régulation le concept de « régime d’activités » (Triby, 2010) qu’il nous paraît intéressant de confronter à cette problématique. Notre enquête – fondée essentiellement sur des entretiens semi-directifs - a concerné respectivement deux groupes bien distincts, entretenant chacun un rapport particulier à notre problématique : des professionnels chargés de l’accompagnement des personnes âgées ; des personnes âgées vivant en Maisons de retraite. La mise en œuvre du concept de « rapport au savoir » à propos de la vieillesse soulève des questions suffisamment nouvelles pour entamer une réinterprétation assez profonde de son sens et de sa portée. Ces questions portent notamment sur le sens du devenir à une âge avancé et la portée du parcours perçu à la fois comme expérience et comme passé ; elles concernent surtout les conceptions des savoirs et des rapports qu’ils entretiennent entre eux, lorsqu’un effet épistémique intergénérationnel vient installer ce qu’il est possible d’appeler, après Bachelard (1936), un obstacle épistémologique